Le blog de histoires-decoincees
SI OBSCENE A 20 ANS
La réponse viendra vite car déjà il entend la porte de séparation au bout du wagon s’ouvrir. Vu le peu de voyageurs qu’il a aperçu dans ce train, Romain sait déjà qu’il ne peut s’agir que de Paul. Cette conclusion-réflexe lui provoque un surcroît d’érection. Volontairement il laisse sa main gauche dans sa poche pétrir lentement son membre. Il reprend sa pose rêveuse face à la campagne. Un machiniste invisible frappe les trois coups : la pièce peut commencer.
Le visage de Paul ne tarde effectivement pas à apparaître avant de se planter devant Romain qui fait mine de n’avoir pas remarqué la présence puissante et sensuelle de Paul. En découvrant le jeune homme alanguit sur cette vieille banquette, Paul réussit à peine à retenir un mouvement de surprise et d’excitation. En une fraction de seconde, il est accroché. Il le sait, il le sent. L’affaire s’annonce peut-être plus compliquée qu’il ne l’avait imaginée. Professionnel, Paul se ressaisit mais il sent que sa journée à basculer. Qu’un je-ne-sais-quoi rend tout possible dans ce vieux train désert.
La mise en scène de Romain est parfaite : l’air rêveur et absent, le corps nonchalamment affalé dans le fauteuil ; les biceps et le bas-ventre vicieusement découverts. Montrant tout mais ne montrant rien tellement ils suggèrent.
Profitant de l’air absent de Romain, Paul en profite pour le détailler davantage. Pour tous les deux, le temps s’est déjà arrêté. Minutes, secondes, fractions de secondes. Ni Paul ni Romain n’ont désormais la notion du temps.
Le regard de Paul descend le long des abdominaux du jeune homme ; suit le filet de poils jusqu’à la touffe brune qui émerge du haut du slip… et soudain s’arrête. Presque interdit. Hésitant entre la suffocation et le rire admiratif. Paul peine à y croire mais c’est bien ça : le chibre. Tendu. Caché certes sous le slip et le short, mais moulant si parfaitement le tissu sous l’effet de l’érection que c’est comme s’il était exposé à l’air librement. Superbe, ferme, fier, revendiquant presque son érection.
Puis, presqu’immédiatement, Paul remarque la main gauche de Romain. Cette main glissée dans le short et dont il voit clairement le mouvement lent et régulier de pétrissage sur le gland. Oui Paul suffoque presque. D’admiration, d’envie, de rire face à une surprise inimaginable qui lui serait faite. Lui qui d’habitude serait celui qui provoquerait la suffocation, change de rôle. Cela le surprend mais il a envie d’essayer. Cette perspective le régale.
Puis Paul ose saluer Romain d’un très professionnel « bonjour Monsieur ». Metteur en scène de toute cette pièce, Romain pousse l’acteur qu’il est aussi : il fait celui qui n’entend pas ; il affecte celui qui continue à rêver. Tout en malaxant d’une manière qui devient impudente sa queue. Paul hésite, essaie de garder une posture professionnelle, mais il sent qu’il bascule. Vers quoi ? il ne le sait pas encore. C’est vicieux, dangereux, gênant, perturbant. Mais il aime cette impression.
Au faîte de son talent de comédien, Romain feint de remarquer la présence de Paul. Il en profite pour lui adresser ce grand, beau, large, éclatant sourire dont il connaît si bien les effets. Puis Romain sort sa main de la poche de son short pour s’étirer, dégageant un peu plus du short, le slip et son merveilleux contenu.
« Re-bonjour Monsieur » lance Romain dans un bâillement dont il prend soin de détailler chaque mouvement.
Puis les deux hommes se fixent à nouveau dans les yeux. Sans considération pour le temps qui s’écoule. Pendant que Paul goûte son basculement, Romain réalise que sa satanée majoration de billet n’a peut-être plus la même importance.
Patient, audacieux, vicieux, il se tait. Il sait que l’initiative doit maintenant venir de Paul. Cette attente dont chaque seconde supplémentaire ressemble à une audace considérable vers il-ne-sait-quel-objectif. Il note maintenant surtout qu’il s’approche d’une porte intérieure. Oui comme une porte à l’intérieur de lui. C’est la porte derrière laquelle se cachent encore –pour combien de temps ?- ses désirs encore inavoués. Cette porte est en train de s’ouvrir.
Paul prend effectivement l’initiative. Feignant de ne rien remarquer de la posture pour le moins inhabituelle tant elle est lascive, de ce jeune voyageur, il ouvre le 2ème acte de cette comédie.
« Alors , vous pouvez me rappeler votre problème de billet ? » lâche-t-il en faisant semblant de s’intéresser à son livret de procédures.
« oui, j’ai décidé mon voyage au dernier moment. Je suis monté dans le TGV in extremis et je pensais acheter le billet pendant ma correspondance à St Raphael. Mais avec le retard du TGV…». Romain s’interrompit et abaissât ses belles épaules pour souligner la fatalité qui le poursuivait.
Paul se sentait désormais pleinement joueur. Il est vrai qu’à partir de ce moment Romain n’était plus totalement metteur en scène de la pièce : il y avait maintenant deux auteurs. Et jouer pour Paul c’était faire mariner un peu ce bel Apollon si audacieux, si inattendu dans ce train bringuebalant vers la moyenne montagne.
A suivre...
Le prochain épisode bientôt : le contrôle de la situation bascule du côté de Paul.
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